dimanche 18 novembre 2012

De martinique a grenade


Beaucoup de temps passé sans donner de nouvelles, à ma décharge, c'était le temps du carénage, le premier pour nous, pour les non initiés, c'est le temps de sortir le bateau, trouver le bon chantier, refaire la sous marine, changer les anodes , repeindre le bateau, refaire le puit de dérive, faire des trappes d'accès sous les éviers cuisine et salle de bain, refaire entièrement les coffres arrières, changer les winchs contre les self teling qu'on nous a donné( plus besoin d'être a deux pour tourner la manivelle !!! merci Jacques !!! remplacer le winch de dérive par celui a 3 vitesses ,rajouter un petit winch pour l'enrouleur de génois, bref, on adapte le bateau en fonction de nos petits bras de sauterelles pour la suite du voyage , qui sera plus dur, c'est sur !!!On est prêt, la mer nous appelle, nous partons dans deux jours. Direction Tobago, pas prévu au programme, mais va savoir, peut être nous n'auront plus jamais l'opportunité d'y aller par la suite, alors ….. C'est l'occas, on y va ;
Alors, pas eu trop le temps d'écrire, pardon, je vous ai quand même préparé un ti diaporama, en musique s'il vous plait, pour la traversée de Martinique grenade,, nous avons visité moustique, canouan, Bequia, les grenadines : Tobago cays, Mayreau, union, petit saint Vincent, petite Martinique et grenade. , A chaque iles son ambiance, a grenade, le marché de saint Georges, l'abattoir, et la « dibiterie « juste a coté, traduisez, «  le lieu ou on dépèce la bête, »ça m'a rappelé le Maroc ou le Sénégal, les même étales, les même peaux suspendues, les même mouches …… tant mieux, c'est que la viande est fraiche !!! les entrepôts réhabilités de l'époque ou l'ile était encore française, le carnaval de grenade, cette immense fête ou tout le monde se lâche a mort, c'est la fête de la plume et du sexe , irracontable, presque immontrable ……capitaine crevette s'est même pris un coup de popotin qui a manqué l'envoyer dans la darse !! Vous voyez le genre ?!je vais trouver le moyen de vous montrer l'ambiance, mais pas simple,….
Dans ce diaporama, vous trouverez en vrac, les lieux de mouillage magnifiques, des baies pour nous tout seul, des moments de magie, de l'amour, du partage, du bonheur tout pur quoi !! et puis quelques bêtes , des images insolites comme cette drôle de manie qu'ils ont de planter leurs tombes n'importe ou, au bord de la route, mais souvent sous la porte du supermarché !! et puis tous ces glandeurs…. la glande, c'est universel , c'est sûr !!au marché, les femmes travaillent, et les hommes ? et bien ils glandent, en attendant leurs femmes, ils boivent du rhum, et ils tiennent le mur , ….vous comprenez….il fait si chaud …. Alors tout ces petits bars du bout du monde, fait de bric et de broc the last bar before the jungle, (allez maman, c'est le moment de répéter ton anglais)les reggae night, les full Moon party, les petits concerts au bord de l'eau difficile d'y résister,
En ce qui concerne la navigation, pas de pépins particuliers, le juste normal …..pour nous : c'est-à-dire , quelques demi tours intempestifs, quelques décrochages de pilote automatique, toujours sous grain bien sur, qui nous mettent en vrac inévitablement ; allez c'est pas grave, le temps de divorcer un peu, de se remarier toujours, de se remettre dans le bon cap, les voiles dans le bon sens, et c'est reparti !!!
Allez, deux petites anecdotes qui résument assez bien notre quotidien :mi aout ma sœur arrive, elle ne reste que 15 jours donc pas de temps a perdre, le soir , on lève l'ancre pour remonter sur carriacou. Préparation du bateau : 1 heure, a minuit on est prêt, on est enfin parti, mais 3 heures après nous n'étions pas encore sorti de la baie, limite on recule, trop de courant , décision est prise, on retourne a saint Georges, on verra demain , : 1ere nuit de sœurette !! le lendemain, nous repartons, on regarde la météo, petit vent , rien de particulier n'est annoncé mais on se prend une drache toute la journée, pluie non stop, trempés comme des soupes, on décide de ne passer le canal que le lendemain matin en priant le ciel que la météo devienne clémente comme elle nous l'a promis , on se pose dans une petite baie de pécheurs, un petit lieu de rêve, il est 18h passé, la nuit tombe mais nous nous promettons d'aller visiter le quartier avant de repartir .le matin 6H , on entend des hurlement, : pull up, pull up , lancé pas un péchou, grimpé sur sa barque qui nous invective du haut de son 1 m 80 et ses épaules de catcheur !! pull up qui nous dit, ben oui c'est bien joli, mais nous on se réveille , nous !! et puis l'anglais créolisé, c'est déjà pas simple la journée, alors au réveil, !!!!! …..heu doudou, mais qu'est ce qu'il dit le monsieur, ? c'est pull ou c'est full , c'est quoi déjà anchor, heu doudou, il répète no engine, no engine , je crois bien qu'il veut pas qu'on allume le moteur, il veut qu'on dérive le bougre !!! et la barque de pêche qui est juste derrière nous !!!! oh regarde, il a entouré le bateau avec un grand filet …. c'est pas bon , c'est pas bon, même pas eu le temps d'avaler un café, pas même une cloppe !!...... bon, ben, faut y aller cap'tain, tant pis pour la visite de ce petit paradis, on repars, on dérive un peu pour pas effrayer ces pauvres poissons, notre pechou musculeux passe délicatement le filet sous notre gros pépère, on a même pas le temps de flipper un peu , on redémarre le moteur et voili et voilou, on sors de la baie et toujours sans café dans le bide, on reprend une drache terrible !! ma sœurette est allongée dans le carré, pas marinisée du tout, malgré les petits bracelets anti mal de cœur, aux deux poignets s'il vous plait !!!, les cachetons de cocculine pris 15 jours a l'avance !! voila, 2eme jours de nav pour sœurette, welcome a bord !!!on est entouré de grain, ça ressemble a des cheminées toutes noires, une colonne qui réunit le nuage et la mer, en dessous c'est coup de vent, et pluie torrentielle. Le bimini explose des notre sortie de la baie,( ce petit bout de tissus qui nous protège des rayons du soleil et nous empêche de bruler !!), obligé de le finir au couteau !!! bon, ca commence bien cette deuxième journée, sœurette est verte, et toujours pas pu avaler ce satané kawa !!
Les éléments se calment enfin, cap'tain crevette descend faire le point, on est entouré d'iles mais avec tout ça, on ne sait plus bien laquelle est la bonne !! je l'entend pester, en remontant il me dit :
«  doudou, tu devineras jamais !! tous les instruments sont tombés en panne en même temps !! « 
Oh, cap'tain, t'a trop abusé du rhum hier, t'a pas mis tes yeux, t'es en pleine déconne, on a l'ile en face de nous, on a quand même 3 GPS à bord, peuvent pas tomber en carafe tous en même temps !quand même! Noudoudiou
Alors là, tout s'enchaine, d'abord il peste, ce p….. de rafiot , je vais le vendre……..for sale le canote  , moi je te le dit !!! bon, je suis habituée, faut laisser passer l'orage, …….. puis cap'tain monte descend, calcul, examine, déduit, suppute et resuppute :" m'enfin, on prend un cap a 90 degré, l'ile est devant nous, et les 3 GPS me disent que l'on fait route à l'opposé : au 270, c'est à s'arracher les cheveux, et pourtant on avance bien non ? je rêve pas ? ………..ah mais oui !! mais c'est biensûr, on avance en route de surface, mais en route de fond on recule, pas de beaucoup, un ti poilou, mais on recule !!!!! la voila l'explication" ;
Voila notre quotidien!! Moi je vous le dit, la navigation, ben c'est pas de la gnognotte !! …..

Allez, trêve de bavardage, nous partons, le temps de monter la voile, remplir les tanks d'eau , on se retrouve a Tobago
A très vite
.

 


 


 


 


 

dimanche 29 juillet 2012

enfin partis......que du bonheur !!!

Voila enfin quelques nouvelles il faut dire que nous rattrapons tout le temps perdu ces 5 premiers mois Nous naviguons donc , pour aller d’un point a un autre mais aussi pour le plaisir d’envoyer la toile, de gonfler nos voiles.

Après mes pépins de santé qui m’ont mis à terre un mois entier, après avoir été choyée par ma famille, entourée d’amour et regonflée à bloc, nous sommes partis vers les iles du nord. Nous ne sommes pas remonté très haut vu l’avancé de la saison, mais nous avons quand même eu le temps de faire , la Dominique, puis les saintes, marie galante ou nous sommes allé 5 fois au moins,  et la Guadeloupe. Deux mois de bonheur absolu, nous sommes maintenant calé, les automatismes sont pris, chacun sait ce qu’il a à faire, nous connaissons aujourd’hui beaucoup mieux le bateau , nous connaissons ses qualités et ses limites, ce qu’il peut nous donner et ce qu’il ne pourra pas, nous naviguons donc et apprivoisons la mer, cet élément magique, ou il n’y a pas de place pour l’excitation, pas de place pour la connerie, nous apprenons l’humilité, c’est elle qui décide, pas la peine de la combattre , pas de passage en force…….. tout comme une femme , non ?

Nous voila donc pret pour le départ, petit passage rapide à Saint Anne Martinique, Le temps d’un coucher de soleil et pour bichonner un peu la coque de notre gros pépère, lui gratouiller un peu le ventre ,  lui ôter sa barbe  et les coquillages qui le ralentisse. Tout comme mon capitaine crevette, qui,  tous les dimanches, le jour du seigneur, ôte lui aussi sa barbe……….




Nous sommes mi mai, capitaine crevette et «  littlewing «  sont tout propre tout frais, rasé de près, tout rajeuni (décidément j’aime beaucoup le jour du seigneur !!), les deux amours de ma vie  sont à bord,  nous partons ….ENFIN . Nous prévoyons deux jours pour remonter Jusqu’au nord de la Martinique. Première journée épouvantable, Il pleut des hallebardes, visibilité zéro, Olivier qui n’est pas encore remis du décalage horaire et pas amariné du tout est vert, on pioche aux Anses pour passer la nuit, avant qu'il ne rende l'âme !!
Le lendemain le beau temps revenu, nous repartons vers saint pierre. Journée splendide, nous profitons de la mer. Tout d’un coup, nous apercevons un geyser. Le temps s’arrête, il est là,  tout près, à 3 mètres de nous, 20 tonnes de graisse et de muscle, deux fois la taille du bateau, il nage parallèle a nous ….. Un cachalot.  On écarquille les yeux, une pur magie, on se scrute, on s’observe, il nous accompagne, lui aussi nous regarde, c’est sûr.  Zut, mon appareil photo est en bas, tant pis pour les images, je profite de cet instant , cette rencontre incroyable, le temps est suspendu… puis il plonge, sa queue sort de l’eau, majestueuse, puis s’enfonce dans la mer, il disparait. Plus personne ne parle … prolonger l’émotion … et imprimer à jamais cette image : la rencontre de l’homme et du géant des mers.
Quelques heures plus tard, le volcan se révèle, nous sommes à Saint Pierre .Petit village niché au pied de la montagne pelé, ce volcan  qui rentra en éruption en 1902, et  tua 30 000 personnes.



 
Image typique aux Antilles, on vit dans une case en taule parfois, mais la terrasse sert à protéger la voiture !!!













Le soir , la montagne rougeoie, le ciel nous offre toute sa palette de couleur,


J’adore ce moment, ou Le ciel et la mer se confondent




Le lendemain matin, nous entrons dans le canal de Dominique, les dauphins sont avec nous, ils jouent a la proue du bateau.








Nous avançons bien, la belle et sauvage Dominique se rapproche rapidement, nous allons à Portsmouth, dans le nord de l’ile, nous y resterons 4 jours. J’ai vraiment un attachement particulier pour cette ile. L’atmosphère qui y règne est très particulière ; certain l’appelle « l’ile des rasta ». Au premier abord, elle semble presque inhospitalière. La première  vision que l’on a en rentrant dans la baie, ce sont  les différents paquebots échoués et rejetés violemment sur la plage, témoignage du passage des cyclones successifs.





Terre primitive aux reliefs tourmentés, couverts d’une cathédrale de verdure, d’où jaillissent fumerolles et cascades, alimentant des lacs d’eau fraiche et bouillonnante, la Dominique se découvre de l’intérieur. On y trouve également la dernière communauté d’indiens caraïbes, les premiers habitants de l’ile, ils sont environ 3000, regroupés dans une réserve de 2000 hectares sur la côte au vent. Les dominicains et les caraïbes ne se mêlent pas, dans tout le sens du terme, chacun a son territoire, gardé farouchement, on peut lire dans leurs yeux toute la fierté de n’avoir jamais connu l’esclavage.
En rentrant dans la baie, tout comme à sainte Lucie et saint Vincent, nous sommes attendus par le comité d’accueil qui nous propose fruits, légumes, poissons, visites…






La forêt est dense, presque inquiétante, une luminosité étrange, Un vrai décor de pirate des caraïbes !!



Des racines de palétuvier réellement, mais dans ce sens, moi j’y vois aussi une drôle de créature sorti tout droit du film, non ?










un gout de paradis perdu ......on se prend à rêver....











les roses de porcelaines sauvages, la perfection absolue !!!!! 

Dans le village, c’est une tout autre ambiance,








pas d'eau courante dans les cases,  1 point d'eau pour tout un quartier, les femmes y lave leur linge, leur cheveux, les enfants jouent, les potins vont bon train, on se raconte que l'on a vu le fils du voisin embrasser la fille d'un cousin...... comme dans tous les villages du monde !!!!


l'ile est pauvre, mais .....





















La vraie richesse de l’ile ce sont eux, les enfants, la richesse du monde.

Ce soir c’est reggae night, ce sera notre dernière soirée, endiablée, on dit au revoir aux potes, on partage un dernier rhum sur la plage, une dernière partie de pêche, ils sons tous la pour nous saluer, les pieds dans le sable, face a la mer, on s’embrasse, on se pleure,  demain, nous remontons vers les saintes


















On dit que tout ce qui croise aux petites Antilles, se retrouve un jour ou l’autre aux Saintes. La rade est splendide c’est vrai, mais l’archipel a perdu de son authenticité et mis a part les fonds sous marin, elle n’a plus grand intérêt à mes yeux. Il est temps pour nous de partir, direction la Guadeloupe.
Premier arrêt à l’ilet gosier :





Nous sommes tout seul, devant notre petit caillou, 1.50m d’eau turquoise sous la coque, seul comme des robinsons, avec les poules, les frégates et les pélicans comme seule compagnie.















 le phare nous protege,



La sensation d'être seul au monde, mais est ce vraiment le cas ?
en y regardant de plus près:






Comme quoi, sous les tropiques, il faut se méfier, on a vite fait de se prendre un coup de lune, un coup d’soleil, ou  un coup de rhum, ….un coup de bambou quoi !!!

Au petit matin, je sens qu’il y a de l’énervement dans l’air, les pêcheurs sont là, les pélicans les suivent de près,

1ere étape, on nourrit les bêtes, puis après seulement on lâche les casiers.




Une fois l’opération terminée, tout ce petit monde rentre au bercail



 Merveilleuse complicité entre l'homme et l'animal.



A sainte Anne, je retrouve ce village que j’aime tant, cette lumière si particulière dans le lagon, les amis que je retrouve régulièrement, au fils de mes visites, et la vie reprend comme si rien ne nous avait jamais séparé.le mouillage est rouleur, rien n’est fait pour accueillir les voiliers, le ponton est délabré, mais peu importe, l’amitié est là.


Arrivée sur Saint Anne, on est dans la passe, la caille (la barrière de corail est très proche).On surf sur la vague, et hop on est dans le lagon







Voila, nous y sommes, mais qui donc a vidé son flacon d’harpic wc dans l’eau ?!?!

Le ponton ou nous devons chaque jour nous accrocher tant bien que mal, une chaine a l’avant, un grappin à l’arrière, l’eau jusqu'à la taille, ça n’a l’air de rien, mais quand on rentre à 2h du mat, je vous jure que c’est moins drôle !Capitaine crevette se dévoue gentiment, dépose son moussaillon de femme qui ne veux pas se mouiller les pieds plus que nécessaire , et se jette à l’eau pour achever la procédure, au bas mot, 20 mn !!Ensuite, il faut : dans l’ordre : quitter son short, se mettre tout nu, faire rire la moitié des habitants du village, grappiner l’annexe, ressortir de l’eau trempé comme une soupe, remettre les vêtements sec, et enfin, aller boire un ti punch pour se remettre de nos émotions !!!

Pendant ce temps, Jacob chante,





il chante a tue tête, pas très juste à vrai dire mais il y met tout son cœur, toute la journée il gratte la corde de sa guitare et s’époumone, il parle d’amour et d’amitié, de fraternité, il ne demande jamais rien, et il raconte, à qui veux bien l’entendre , tout son plaisir de vivre. Mais personne n’écoute Jacob,






Alors Jacob chante pour les  arbres






il chante pour la mer


il chante pour les femmes



Puis il nous montre son plus joli sourire

Et  il lève ses deux doigts,



J’adore !! Peace mon ami,  bonne route Jacob..Nous on part pour Marie Galante..

 Contrairement aux saintes, Marie Galante est restée très authentique, c’est l’ile aux 70 moulins .plus  ou moins en ruines, l’ile du rhum et des coupeurs de canne. Paisible et accueillante. Nous avons adoré, y sommes retourné 5 fois, Nous y avons été adopté.



Des endroits désert pour passer la nuit






les joueurs de domino


















Voila pour le décor, mais l’essentiel n’est pas là,





Tout est là, dans les yeux de cet homme, dans sa joie de nous voir, dans le plaisir qu’il a eu à nous expliquer comment il taille chaque brin pour construire une case solide..






Tout est la !! dans les yeux de cette femme, qui m’arrête sur la route, pour me dire que je suis jolie, qui me caresse doucement la joue, qui me parle de sa vie, de son mari qui a plus de 70 ans s’épuise encore a couper la canne  , et de son fils perdu en métropole, qui ne veux plus rentrer au pays, toute sa tristesse se lit dans son regard, je la trouve belle, je le lui dit..





Une vie toute simple ; trois bouts de planche, trois tôles mal peintes, un peu de couleur, et l’océan pour seul ami.  Une petite porte ouverte sur le bonheur.. Peut être que leur vie n’est pas si différente que celle que nous avons choisi,…. les dés sont t’ils  jetés par le génie ?