mardi 5 avril 2016

bolivie.perou.......le monde du bout du monde

Avant de reprendre la mer, un petit retour sur ce merveilleux voyage, au Pérou et en Bolivie. Nous sommes partis deux mois et demi avec nos sac a dos, sillonner le sud péruvien (lima, Paracas, Arequipa, Puno, puis le lac titi caca,(amantani, taquile, iles uros, isla del sol) la Bolivie ,( Copacabana, Potosí, sucre, coroico, Cochabamba,torotoro, Uyuni, sud lipez)retour par la Paz puis Cusco et enfin machu pichu.

Pendant deux mois et demi nous avons enchainé descente de canyon, vtt , descente de la mort, spéléo, couru après les traces de dinosaures…deux mois à crapahuter entre 3700 et 5200 mètres d’altitude, plongés au cœur même de la culture inca, mais avant tout, deux mois 1/2 à sillonner l’altiplano ….. Cette immensité… d’une beauté à couper le souffle, ou la pauvreté du sol répond à la pauvreté des hommes ; le caractère est dur, la peau parcheminée. Et pourtant, tant de gaité, tant de fierté dans les yeux, dans la posture, et l’ humour, pour conjurer le sort, pour conjurer la vie.. j’y reviendrai un peu plus tard

Apres 3 jours à flâner dans lima, nous descendons par la côte jusqu'à Paracas et déjà c’est le choc.Dans la même journée nous passons des Galápagos du pauvre au désert de sable, des lions de mersaux étendues sans fin de dunes hautes comme trois fois la hauteur du pyla ; à nous les joies du buggy .impossible de résister à l’envie de s’allonger sur une planche et de descendre tête la premiere à fond de balle ces 300 m de dénivelés ;

















Pour le moment nous sommes au Pérou et au Pérou, mine de rien, on est moderne. On n’ allume plus de cierges , l’ ampoule ici aussi a remplacé la bougie, on va au cimetière en taxi c’est plus rapide , et puis ça coute trois balles, on te prévient à tours de bras…… heu……à coup de panneaux, que ça ne se fait pas de déféquer ou de se soulager de quelques manières que se soit sur les murs des voisins, …que la poubelle ,et bien ça tue , ( pas les microbes ,non non non, ni les bactéries , la poubelle entière !!!), accessoirement on vous averti aussi que le vin, c’est pas pour les croyants , oh non !!! , c,’est pour la pachamama, la terre mère, la terre nourricière …..Dès fois que… voila le décor est posé.





Le temps passe vite ;On est déjà le 3 avril. JE suis au bord du lac titi caca, le plus haut lac navigable du monde, posé à environ 3850m, au centre de l’altiplano .La légende inca dit que le dieu créateur Viracocha y fit émerger la lune, le soleil et les étoiles, et très franchement , quand on est tout en haut, près d’un centre cérémoniel dédié à la pachamama, on est tout près d’ y croire. Pendant quelques jours, j’ai couru les crêtes d’isla del sol, embrassée la cordillère royale de ce lac si grand que l’on croirait la mer,arpenté chaques iles,participé aux fetes locales,dormie chez l’habitant.j’y ai découvert la récolte et la préparation…. du quinoa ( mauvaises langues !!)

























cette photo merite une petite explication.il faut vous imaginer .....il est trois heure du mat. il fait un froid de canard a 3800 m d,altitude. et bien sur c;est maintenant que j;ai une petite envie. alors vite j;enfile mes chaussettes... pas le temps pour le reste ....les fesses a l;air je fonce dehors ...je trouve enfin les toilettes et la...le derriere en suspension..porte grande ouverte...j'ai une vue splendide sur le lac titi caca.....si ça c'est pas du luxe hein ????








Nous sommes la veille de pâques et à Copacabana, c’est le jour du baptême des voitures. Le village ressemble a un immense camping, il y a des tentes partout, même sur les trottoirs, des braseros pour se réchauffer la nuit, du Pisco et du rhum bien sûr.
(photo)5






Le jour j, on prend soin de se lever très tôt pour mettre son véhicule en début de file et ainsi éviter 4 heures d’attente sous le soleil puis on passe à la décoration du véhicule ; on ouvre le capot moteur et on attend que le curé veuille bien sortir de son église et converger vers la plage ….. ça dure, ça dure….ça s’échauffe….ça y est, on commence à voir sa soutane et son chapeau en cuir, un vrai curé de farwest. Le temps de redresser un peu les fleurs, arracher celles qui ont pris un coup de chaud, on redresse son melon ( ce petit chapeau introduit par les anglais en 1920 et que les femmes quechuas et aymaras portent fièrement sur la tête), on dépoussière ses vêtements , voila, tout est prêt. On a pris soin de rajouter images pieuses et petit coffret miniature symbolisant ce que l’on désire le plus dans l’année avenir (nourriture, appartement……)




Mais voila que le prêtre arrive, avec son sceptre muni d’une fleur à son extrémité et son petit sceau bleu remplie d’eau bénite. C’est la cohue, chacun l’interpelle pour la bénédiction, tout doit aller très vite il y a beaucoup de monde à voir alors vite un petit coup de fleur humide sur la carcasse, un coup au moteur, un soupçon de bénédiction à l’intérieur, quelques gouttes sur la tête des proprios, une photo , un billet, et hop, au suivant. Pour fêter l’événement, on sort sa bouteille, un p’ti gorgeon et on attend encore et encore l’arrivée du chamane (vaut mieux deux fois qu’une dans le doute !!).c’est une femme, La voila qui arrive avec l’encens et la clochette, donc rebelote un coup dedans un coup dehors une pt’ite photo, un p’ti billet un p’ti gorgeon, voila c’est fait, il ne reste plus qu’à balancer des pétales de fleurs sur la voiture et se frayer un chemin parmi ce joyeux bordel.





Ce mélange de christianisme et de paganisme m’a fait pensé au Guatemala .ici non plus les indigènes ne se sont pas réellement fait au christianisme, et pour cause ; comment croire en un peuple qui en même temps les volent et prêche la charité. Le christianisme est exactement à l’opposé des religions précolombiennes, l’hégémonie de l’homme sur les éléments naturels. Les indiens eux adorent le soleil la lune la terre. Du coup, pour une meilleure intégration du christianisme, les missionnaires de l’époque se sont adaptés, et l’on retrouve dans les églises, et même sur les façades richement ornées, des christs solaires, des vierges lunaires…..et aujourd’hui , paganisme et christianisme se mêlent. On va à l’église pour la guérison d’un proche puis on fonce consulter le chamane qui ,à base de potions d’herbes et rituels magiques, soigne.
La fête est terminée et je reprends la route. Mon bus serpente entre les champs de quinoa et les champs de coca, traversant l’altiplano à la vitesse d’un radeau, tant la piste est mauvaise ,tant la roche acérée, à l’image de ses femmes aux visages burinés, et moi je traverse cette immensité, paysages eternels et glacés, plateaux arides et austères, veillés par les sommets andins, lumineux comme des phares cristallins .tout comme en mer quelque chose rayonne en moi….en silence…se rapprocher de l’essentiel…..





















il est 5h du matin ,j’arrive a Uyuni. Elle a quelque chose d’apocalyptique cette ville, quelque chose de tragique, comme un point de non retour. Un cimetière de trains aux locomotives rouillées, de longues rues plates et rectilignes qui fuient vers nulle part, des sacs plastiques accrochés a de maigres arbustes, une caserne qui ne contrôle que le désert, des cochons qui vagabondent , et puis ce vent glacial qui balaye tout , Une ville de western version polaire nous sommes à 3700 mètres au dessus du niveau de la mer. C’est le point de départ d’un périple en 4x4 jusqu'à la frontière chilienne. C’est sans conteste le point fort de ce voyage ; l’endroit ou le grand peintre de l’univers a posé sa palette de couleurs,….. un concentré d’éternité ou le temps n’a pas de prise …. un émerveillement pour les sens, une magie sans cesse renouvelée. On passe du blanc à l’ocre teinté de sable et d’émeraude, des rouges rubis, du bleu turquoise , du mauve, la roche sculptée par les vents, des jardins japonais suspendus a 5000 m d’altitude, des tableaux naturels que Dali n’aurait pas renié. Paysages hallucinants, mirifiques, comme une rêverie cosmique. Le monde du bout du monde….
(photos)8
















la frontiere chilienne











































On démarre par le salar, cet immense désert de sel (12500 km2 quand même !!)le plus grand du monde ; sur 40 m d’épaisseur alterne couches de sel et couches de glaise. Du blanc à perte de vue, on croirait marcher sur la neige d’une banquise sans fin.
(photos )9 salaar






















On pourrait croire qu’à cette altitude il n’y a rien, mais la vie est là, partout autour de nous. Dans ces villages de forçat du sel, dans ces bleds de misère, dans ces déserts de pierre, flamants roses , lamas, vigognes, alpagas , chinchillas….la vie grouille, partout. Le puma se nourri du vigogne (lama sauvage), l’homme se nourri de l’alpaga et du lama, l’espèce la plus connue. Celui que l’on voit dans « tintin ou le temple du soleil » et qui crache sur le capitaine haddock, parce que «  quand lama fâché, lui toujours faire ainsi !! » .Il l’élève,le mange, enterre un fétus sous chaque nouvelle construction , le tond, tisse sa laine…..

















Donc on tisse beauoucp au perou et en bolivie, à l’ancienne. On prépare la laine d’abord, à la quenouille , on l’étire , on la bobine, puis on tisse sur de petits métiers a tisser, tenu par l’orteil à une extremité et le cou de l’autre.
(photo tissage)11








Me voila de nouveau au terminal bus, avec ma couverture en pilou pilou et mon chauffeur de bus en mode hamster, tant la boule de feuilles de coca qu’il a dans la joue lui déforme le visage ( (50 feuilles quand même !!)..Pour la petite histoire, evo morales , ancien cocalero( cultivateur de feuilles de coca) devenu président bolivien, outre le fait de reconnaitre les droits des communautés indigènes et les intégrer dans l’administration, a également fait inscrire dans la constitution de 2009 la coca comme « patrimoine culturel et facteur de la cohésion sociale ». 12000 hectares lui sont donc réservés en toute légalité, …..et 18000 de plus dans l’illégalité. Inutile de vous préciser combien les américains ont adoré !! il faut bien reconnaitre que le paysan gagne deux fois mieux sa vie en cultivant la coca plutôt que le mais la banane ou le café. De plus, cette feuille, elle sert a tout. Un petit bobo et hop on se la colle sur le bouton. Sur les hauts plateaux andins , elle est associée a la vie de tous les jours, elle permet de lutter contre le mal d’altitude, contre la fatigue, la faim, elle sert d’offrande dans les mines de potosi par exemple ou pour la pachamama la pacha tata et tous les dieux du quartier, elle est associée à toutes les fêtes, religieuses ou non.




Un petit tour encore, d’autres paysages tous aussi époustouflants les uns que les autres.des montagnes bleues completement psychedeliques.la terre qui vit, la terre qui bouge,qui repire. Des patounes de dinosaures a ne plus savoir qu’en faire.des canyons vertigineux ( j,ai maudit mes cloppes en remontant et juré que plus jamais je ne touche à une cigarette……ahah….parole , parole parole )
(photo)13


































Les differentes villes que nous avons visité.







































et pour finir , cusco le nombril du monde selon les incas et le machu pichu, royal, caché dans les plis de la montagne.








comme d;habitude je termine par les portraits .A toutes ces personnes qui m'ont donné un peu d'elles meme. merci


































et les meilleurs ... pour la fin