Avant de reprendre la mer, un petit
retour sur ce merveilleux voyage, au Pérou et en Bolivie. Nous
sommes partis deux mois et demi avec nos sac a dos, sillonner le sud
péruvien (lima, Paracas, Arequipa, Puno, puis le lac titi
caca,(amantani, taquile, iles uros, isla del sol) la Bolivie ,(
Copacabana, Potosí, sucre, coroico, Cochabamba,torotoro, Uyuni, sud
lipez)retour par la Paz puis Cusco et enfin machu pichu.
Pendant deux mois et demi nous avons
enchainé descente de canyon, vtt , descente de la mort, spéléo,
couru après les traces de dinosaures…deux mois à crapahuter entre
3700 et 5200 mètres d’altitude, plongés au cœur même de la
culture inca, mais avant tout, deux mois 1/2 à sillonner l’altiplano
….. Cette immensité… d’une beauté à couper le souffle, ou la
pauvreté du sol répond à la pauvreté des hommes ; le
caractère est dur, la peau parcheminée. Et pourtant, tant de gaité,
tant de fierté dans les yeux, dans la posture, et l’ humour, pour
conjurer le sort, pour conjurer la vie.. j’y reviendrai un peu plus
tard
Apres 3 jours à flâner dans lima,
nous descendons par la côte jusqu'à Paracas et déjà c’est
le choc.Dans la même journée nous passons des Galápagos du pauvre
au désert de sable, des lions de mersaux étendues sans fin de
dunes hautes comme trois fois la hauteur du pyla ; à nous les
joies du buggy .impossible de résister à l’envie de s’allonger
sur une planche et de descendre tête la premiere à fond de balle
ces 300 m de dénivelés ;
Pour le moment nous sommes au Pérou et
au Pérou, mine de rien, on est moderne. On n’ allume plus de
cierges , l’ ampoule ici aussi a remplacé la bougie, on va au
cimetière en taxi c’est plus rapide , et puis ça coute trois
balles, on te prévient à tours de bras…… heu……à coup de
panneaux, que ça ne se fait pas de déféquer ou de se soulager de
quelques manières que se soit sur les murs des voisins, …que la
poubelle ,et bien ça tue , ( pas les microbes ,non non non, ni les
bactéries , la poubelle entière !!!), accessoirement on vous
averti aussi que le vin, c’est pas pour les croyants , oh non !!!
, c,’est pour la pachamama, la terre mère, la terre nourricière
…..Dès fois que… voila le décor est posé.
Le temps passe vite ;On est déjà
le 3 avril. JE suis au bord du lac titi caca, le plus haut lac
navigable du monde, posé à environ 3850m, au centre de l’altiplano
.La légende inca dit que le dieu créateur Viracocha y fit émerger
la lune, le soleil et les étoiles, et très franchement , quand on
est tout en haut, près d’un centre cérémoniel dédié à la
pachamama, on est tout près d’ y croire. Pendant quelques jours,
j’ai couru les crêtes d’isla del sol, embrassée la cordillère
royale de ce lac si grand que l’on croirait la mer,arpenté chaques
iles,participé aux fetes locales,dormie chez l’habitant.j’y ai
découvert la récolte et la préparation…. du quinoa ( mauvaises
langues !!)
cette photo merite une petite explication.il faut vous imaginer .....il est trois heure du mat. il fait un froid de canard a 3800 m d,altitude. et bien sur c;est maintenant que j;ai une petite envie. alors vite j;enfile mes chaussettes... pas le temps pour le reste ....les fesses a l;air je fonce dehors ...je trouve enfin les toilettes et la...le derriere en suspension..porte grande ouverte...j'ai une vue splendide sur le lac titi caca.....si ça c'est pas du luxe hein ????
Nous sommes la veille de pâques et à
Copacabana, c’est le jour du baptême des voitures. Le village
ressemble a un immense camping, il y a des tentes partout, même sur
les trottoirs, des braseros pour se réchauffer la nuit, du Pisco et
du rhum bien sûr.
(photo)5
Le jour j, on prend soin de se lever
très tôt pour mettre son véhicule en début de file et ainsi
éviter 4 heures d’attente sous le soleil puis on passe à la
décoration du véhicule ; on ouvre le capot moteur et on attend
que le curé veuille bien sortir de son église et converger vers la
plage ….. ça dure, ça dure….ça s’échauffe….ça y est, on
commence à voir sa soutane et son chapeau en cuir, un vrai curé de
farwest. Le temps de redresser un peu les fleurs, arracher celles qui
ont pris un coup de chaud, on redresse son melon ( ce petit chapeau
introduit par les anglais en 1920 et que les femmes quechuas et
aymaras portent fièrement sur la tête), on dépoussière ses
vêtements , voila, tout est prêt. On a pris soin de rajouter images
pieuses et petit coffret miniature symbolisant ce que l’on désire
le plus dans l’année avenir (nourriture, appartement……)
Mais voila que le prêtre arrive, avec
son sceptre muni d’une fleur à son extrémité et son petit sceau
bleu remplie d’eau bénite. C’est la cohue, chacun l’interpelle
pour la bénédiction, tout doit aller très vite il y a beaucoup de
monde à voir alors vite un petit coup de fleur humide sur la
carcasse, un coup au moteur, un soupçon de bénédiction à
l’intérieur, quelques gouttes sur la tête des proprios, une photo
, un billet, et hop, au suivant. Pour fêter l’événement, on sort
sa bouteille, un p’ti gorgeon et on attend encore et encore
l’arrivée du chamane (vaut mieux deux fois qu’une dans le
doute !!).c’est une femme, La voila qui arrive avec l’encens
et la clochette, donc rebelote un coup dedans un coup dehors une
pt’ite photo, un p’ti billet un p’ti gorgeon, voila c’est
fait, il ne reste plus qu’à balancer des pétales de fleurs sur la
voiture et se frayer un chemin parmi ce joyeux bordel.
Ce mélange de christianisme et de
paganisme m’a fait pensé au Guatemala .ici non plus les indigènes
ne se sont pas réellement fait au christianisme, et pour cause ;
comment croire en un peuple qui en même temps les volent et prêche
la charité. Le christianisme est exactement à l’opposé des
religions précolombiennes, l’hégémonie de l’homme sur les
éléments naturels. Les indiens eux adorent le soleil la lune la
terre. Du coup, pour une meilleure intégration du christianisme, les
missionnaires de l’époque se sont adaptés, et l’on retrouve
dans les églises, et même sur les façades richement ornées, des
christs solaires, des vierges lunaires…..et aujourd’hui ,
paganisme et christianisme se mêlent. On va à l’église pour la
guérison d’un proche puis on fonce consulter le chamane qui ,à
base de potions d’herbes et rituels magiques, soigne.
La fête est terminée et je reprends
la route. Mon bus serpente entre les champs de quinoa et les champs
de coca, traversant l’altiplano à la vitesse d’un radeau, tant
la piste est mauvaise ,tant la roche acérée, à l’image de ses
femmes aux visages burinés, et moi je traverse cette immensité,
paysages eternels et glacés, plateaux arides et austères, veillés
par les sommets andins, lumineux comme des phares cristallins .tout
comme en mer quelque chose rayonne en moi….en silence…se
rapprocher de l’essentiel…..
il est 5h du matin ,j’arrive a Uyuni.
Elle a quelque chose d’apocalyptique cette ville, quelque chose de
tragique, comme un point de non retour. Un cimetière de trains aux
locomotives rouillées, de longues rues plates et rectilignes qui
fuient vers nulle part, des sacs plastiques accrochés a de maigres
arbustes, une caserne qui ne contrôle que le désert, des cochons
qui vagabondent , et puis ce vent glacial qui balaye tout , Une ville
de western version polaire nous sommes à 3700 mètres au dessus du
niveau de la mer. C’est le point de départ d’un périple en 4x4
jusqu'à la frontière chilienne. C’est sans conteste le point fort
de ce voyage ; l’endroit ou le grand peintre de l’univers a
posé sa palette de couleurs,….. un concentré d’éternité ou le
temps n’a pas de prise …. un émerveillement pour les sens, une
magie sans cesse renouvelée. On passe du blanc à l’ocre teinté
de sable et d’émeraude, des rouges rubis, du bleu turquoise , du
mauve, la roche sculptée par les vents, des jardins japonais
suspendus a 5000 m d’altitude, des tableaux naturels que Dali
n’aurait pas renié. Paysages hallucinants, mirifiques, comme une
rêverie cosmique. Le monde du bout du monde….
(photos)8
la frontiere chilienne |
On démarre par le salar, cet immense
désert de sel (12500 km2 quand même !!)le plus grand du
monde ; sur 40 m d’épaisseur alterne couches de sel et
couches de glaise. Du blanc à perte de vue, on croirait marcher sur
la neige d’une banquise sans fin.
(photos )9 salaar
On pourrait croire qu’à cette
altitude il n’y a rien, mais la vie est là, partout autour de
nous. Dans ces villages de forçat du sel, dans ces bleds de misère,
dans ces déserts de pierre, flamants roses , lamas, vigognes,
alpagas , chinchillas….la vie grouille, partout. Le puma se nourri
du vigogne (lama sauvage), l’homme se nourri de l’alpaga et du
lama, l’espèce la plus connue. Celui que l’on voit dans « tintin
ou le temple du soleil » et qui crache sur le capitaine
haddock, parce que « quand lama fâché, lui toujours faire
ainsi !! » .Il l’élève,le mange, enterre un fétus
sous chaque nouvelle construction , le tond, tisse sa laine…..
Donc on tisse beauoucp au perou et en
bolivie, à l’ancienne. On prépare la laine d’abord, à la
quenouille , on l’étire , on la bobine, puis on tisse sur de
petits métiers a tisser, tenu par l’orteil à une extremité et le
cou de l’autre.
(photo tissage)11
Me voila de nouveau au terminal bus,
avec ma couverture en pilou pilou et mon chauffeur de bus en mode
hamster, tant la boule de feuilles de coca qu’il a dans la joue lui
déforme le visage ( (50 feuilles quand même !!)..Pour la
petite histoire, evo morales , ancien cocalero( cultivateur de
feuilles de coca) devenu président bolivien, outre le fait de
reconnaitre les droits des communautés indigènes et les intégrer
dans l’administration, a également fait inscrire dans la
constitution de 2009 la coca comme « patrimoine culturel et
facteur de la cohésion sociale ». 12000 hectares lui sont donc
réservés en toute légalité, …..et 18000 de plus dans
l’illégalité. Inutile de vous préciser combien les américains
ont adoré !! il faut bien reconnaitre que le paysan gagne deux
fois mieux sa vie en cultivant la coca plutôt que le mais la banane
ou le café. De plus, cette feuille, elle sert a tout. Un petit bobo
et hop on se la colle sur le bouton. Sur les hauts plateaux andins ,
elle est associée a la vie de tous les jours, elle permet de lutter
contre le mal d’altitude, contre la fatigue, la faim, elle sert
d’offrande dans les mines de potosi par exemple ou pour la
pachamama la pacha tata et tous les dieux du quartier, elle est
associée à toutes les fêtes, religieuses ou non.
Un petit tour encore, d’autres
paysages tous aussi époustouflants les uns que les autres.des
montagnes bleues completement psychedeliques.la terre qui vit, la
terre qui bouge,qui repire. Des patounes de dinosaures a ne plus
savoir qu’en faire.des canyons vertigineux ( j,ai maudit mes
cloppes en remontant et juré que plus jamais je ne touche à une
cigarette……ahah….parole , parole parole )
(photo)13
Les differentes villes que nous avons
visité.
et pour finir , cusco le nombril du
monde selon les incas et le machu pichu, royal, caché dans les plis
de la montagne.
comme d;habitude je termine par les portraits .A toutes ces personnes qui m'ont donné un peu d'elles meme. merci
et les meilleurs ... pour la fin